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Downton Abbey version haute joaillerie

Si vous pensiez que les joyaux anciens portés dans «Downton Abbey: The Grand Finale», actuellement sur les écrans, n’étaient que de simples accessoires, détrompez-vous! Derrière chaque perle, chaque diamant, se cache une histoire patinée par le temps. Dans cet étincelant récit où les bijoux deviennent des narrateurs silencieux (tout en initiant le spectateur aux subtilités du goût anglais), une maison londonienne a apposé sa griffe: Bentley & Skinner.

Fondée en 1881, Skinner & Co s’impose rapidement comme fournisseur officiel de la famille royale britannique. Spécialiste des bijoux anciens, elle les recherche, les achète, les entretient et les restaure avec un savoir-faire ancestral. En 1934, une joaillerie moderne s’installe à Piccadilly, proposant créations sur mesure et clientèle aristocratique. Au tournant du deuxième millénaire, les deux maisons fusionnent pour devenir Bentley & Skinner, alliant tradition et modernité, et décrochant le très convoité titre de «Jewellers by Royal Appointment to His Majesty The King».

Elizabeth McGovern, dans son rôle de comtesse de Grantham, porte avec grâce l’un des attributs de l’époque 1925: un long sautoir de perles.

Le prêt du siècle

Pour le film, la costumière de la production, Anna Robbins, s’est tournée vers Bentley & Skinner pour parer ses personnages. Et quelle «garde-robe»! Diadèmes, broches, bracelets… Autant de pièces d’exception, dont certaines affichent allègrement plus d’un siècle au compteur. Parmi les joyaux prêtés, une tiare d’époque géorgienne (1714–1830), sertie de 45 carats de diamants de tailles anciennes, estimée à quelque 145’000 livres sterling (135’000 francs suisses), brille sur la tête de Lady Mary lors de son mariage. Une pièce qui, selon certains experts, n’a pas tout à fait été portée comme il se devait, confie Omar Vaja, de Bentley & Skinner: «Elle était conçue pour être placée haut sur la tête, mais Lady Mary a préféré la transformer en bandeau.»

Prêter des bijoux d’une telle valeur (environ un million de livres au total)  n’est pas sans risques. Les coûts d’assurance pour le tournage étaient astronomiques. «Nous avons dû assurer chaque pièce individuellement, ce qui a considérablement augmenté le budget», a expliqué Anna Robbins. Mais le jeu en valait la chandelle! Ces bijoux apportent une authenticité indéniable à l’écran, plongeant le spectateur dans l’univers fastueux de Downton.

Ravissante broche d’époque victorienne (env. 1870) en forme d’étoile, portée par Lady Edith dans certaines scènes du film. Cette pièce venait d’être vendue et le nouveau propriétaire l’a prêtée pour le tournage.

Downton, un écrin fastueux pour un monde évanoui

C’est à Highclere Castle, un manoir néo-gothique du XIXe siècle (reconstruit dans les années 1839-1842 par l’architecte Sir Charles Barry), résidence des comtes de Carnarvon depuis 1679, et dans ses 400 hectares de parcs et jardins à l’anglaise, qu’ont été tournés tous les épisodes de la série puis le film. Mais Highclere avait déjà une histoire bien à lui avant d’être un témoin muet de l’évolution de la famille du comte de Grantham. C’est grâce au soutien financier du cinquième comte de Carnarvon que l’égyptologue Howard Carter a découvert, en 1922, le tombeau de Toutânkhamon. Cela ajoute une dimension supplémentaire à l’univers de Downton.

Anna Robbins, l’œil de la styliste

Sans une costumière hors pair, passionnée de mode comme d’histoire, «Downton Abbey: The Grand Finale» aurait sans doute perdu une bonne part de son éclat. «Je suis fascinée par la façon dont les vêtements et les bijoux racontent une histoire», confie Anna Robbins. Pour elle, chaque détail doit traduire la personnalité d’un individu. Ainsi, Lady Edith arbore une broche Art déco sertie d’aigues-marines et de diamants, tandis que Lady Grantham se pare d’un bracelet en diamants des années 1920. Des choix méticuleux, fruits d’une recherche approfondie et d’une attention extrême aux détails. Présente sur la série depuis la cinquième saison, Anna Robbins a réinventé avec brio la garde-robe des Crawley. Avant cela, elle s’était déjà distinguée au théâtre par ses reconstitutions historiques, un travail salué par plusieurs nominations aux Bafta et aux Emmy Awards.

Lady Mary porte un diadème en bandeau comme le veut la mode des Années folles ainsi qu’un collier de style géométrique des années 1925. Lady Edith, sur une magnifique robe bleu de ciel, porte une importante broche avec aigues-marines et diamants de style Art déco.

Une collaboration fructueuse

La collaboration entre Bentley & Skinner et l’équipe de Downton Abbey ne s’est pas limitée au prêt de bijoux. «Nous avons travaillé ensemble pour recréer des pièces historiques en nous inspirant des archives et des collections privées», explique Anna Robbins. Cette synergie a permis de créer des accessoires qui, tout en étant fidèles à l’époque, apportent une touche de modernité et de glamour.

Le film «Downton Abbey: The Grand Finale» marque la fin d’une ère. Néanmoins, les bijoux prêtés par Bentley & Skinner continuent de briller, témoignant du raffinement et de l’élégance d’une époque révolue. Et, qui sait, peut-être un jour, aurez-vous l’occasion de les admirer dans une exposition ou lors d’une vente aux enchères?

Catherine De Vincenti

Photo: Les trois caractères féminins principaux du film, de gauche à droite, Cora Grantham et ses deux filles Lady Mary et Lady Edith. Trois diadèmes ou tiares en diamants de styles différents: Belle Époque et début de siècle. Sur la robe rouge, deux clips en diamants, années 1930.

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