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Jean-Pierre Wolleb, artisan joaillier avec expérience

Gold’Or: Comment avez-vous choisi la joaillerie-bijouterie ?

Jean-Pierre Wolleb: Tout petit déjà, j’ai voulu exercer ce métier. Je n’adorais pas l’école et ne tenais pas à poursuivre des  études. L’orienteur professionnel m’a alors conseillé de me diriger vers la profession de mécanicien-dentiste. J’en ai rapidement eu marre car je trouvais le boulot totalement répétitif. Néanmoins, cela m’a appris la précision, l’exactitude et la sculpture. Après trois ou quatre ans, j’ai décidé de faire enfin de la bijouterie et j’ai été engagé par M. Vidoudez, à Saint-Prex, qui faisait de la joaillerie et de la belle sous-traitance. Ca a changé ma vie!

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Ce pendentif en bois d’acajou a été réalisé il y a déjà un certain nombre d’années pour une exposition de bijoutiers créateurs, à Lausanne. Jean-Pierre Wolleb n’a jamais souhaité le vendre et le conserve dans son petit «musée». Photo: Jean-Pierre Wolleb

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

Le café, pardi (gros éclat de rire)! Quand on est indépendant, on sait pourquoi on se lève le matin! Ce qui me plaît dans mon métier et qui me donne la «banane», c’est de voir les clients prendre possession du bijou qui, jusqu’à présent, restait quelque chose d’abstrait malgré mes croquis. Ce bijou, c’est le leur et ils le transmettront peut-être à une, deux ou trois générations après eux.

Comment vous êtes-vous installé dans votre boutique du village d’Allaman, entre Lausanne et Genève?

L’année prochaine, la boutique et l’atelier fêteront leurs trente ans! C’est toujours et encore grâce à M. Vidoudez que je me suis installé. Après plus de dix ans chez lui et avoir formé de nombreux apprentis, je recherchais un local à partager avec des copains pour travailler la sculpture. Vidoudez m’a encouragé à me lancer en m’offrant durant quelques années du travail pour à peu près septante pour-cent de mon temps. Ça m’a permis de me faire connaître avec mes propres créations et finalement de ne plus faire de sous-traitance.

Travaillez-vous à l’ancienne? A l’ordinateur?

Ben, forcément à l’ancienne! Je n’ai même pas de laser! Je fais tout à la main. Je vois travailler ma compagne qui fait ses dessins sur sa tablette mais moi je dessine à la main sur du papier ! Chaque année, je reçois, avec un ferronnier d’art, des classes de jeunes de douze à treize ans. A tour de rôle, nous leur faisons découvrir nos deux métiers artisanaux qui se complètent et nécessitent de l’imagination. Les mômes adorent!

Etes-vous écolo?

Oui, je trie tout: la limaille, l’acide sulfurique, les bains de rhodium et tout cela part chez Gyr! D’autre part, mon atelier est une véritable serre. J’y fais pousser une quarantaine de plantes qui doivent aussi respirer de l’or. Quand elles sont en fin de vie, elles passent aussi au «recyclage». Je fais tout ce que je peux pour trouver des sources de pierres de couleur et de diamants «propres», je travaille avec le «Greengold» de Wassner, etc.

Comment qualifieriez-vous votre style?

Moi, ce que je «kiffe», c’est la joaillerie! Je me sens moins à l’aise avec la bijouterie. Je m’éclate à travailler au centième de millimètre. J’ai un mini-stock car je pratique pour UN client. Je me calque sur son budget. S’il possède des pierres, je tente de les utiliser au mieux. J’ai remarqué qu’en période de crack boursier, les budgets explosent!

Pour terminer, quel(le) collègue pourrais-je rencontrer pour poursuivre cette série d’entretiens?

Déjà, merci de m’avoir contacté alors que je ne suis ni à Lausanne, Genève, Sion ou Neuchâtel! Je vous conseillerais d’aller parler avec Marine Brunner qui vient de reprendre la bijouterie Brunner (homonyme) à Echallens, dans le Gros de Vaud. C’est une jeune femme compétente, talentueuse et la preuve vivante que la profession se féminise …

Catherine De Vincenti

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