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Les régions polaires de Charon sont rouges

La propriété la plus remarquable de Charon, lune de Pluton est la coloration rouge-foncé de ses régions polaires. Ceci est dû à des polymères organiques hétérocycliques appelées tholines. Elles sont déposées extrêmement lentement.

Les tholines se forment sous l’effet de la radiation ultraviolette solaire sur le méthane et l’azote transférés de Pluton sur Charon. On ne les trouve pas sur la terre, mais on peut facilement les produire au laboratoire.

Grande lune d’une petite planète

Il fallut quatre milliards d’années pour former une couche de tholines de 30 centimètres d’épaisseur sur les régions polaires de Charon où règne une température extrêmement basse. Nous citons cet exemple pour démontrer le mode de travail de la nature qui n’a aucune considération pour le temps et l’espace pourtant vitaux pour nous.

Charon est la plus grande des cinq lunes de Pluton. Son diamètre étant 1212 kilomètres, sa grandeur atteint la moitié de celle de la planète mère mais sa masse n’est que de 12,2 pourcents de celle de Pluton. Ce dernier fut découvert en 1938, alors que Charon n’est connu que depuis 1978. Une boursouflure périodiquement visible au bord de Pluton démontrait la présence d’un grand satellite.

Un des objectifs majeurs de la mission «New Horizons» à réaliser par la sonde Pluto-Flyby de la NASA lancée en 2006 était une cartographie détaillée du système Pluto-Charon. Ce but fut atteint en juillet 2015 lorsque la sonde s’approcha jusqu’à 27 000 kilomètres de Pluton. Mais les données durent être transmises sur une distance de 6000 milliards de kilomètres.

Chimie extrêmement lente

La couleur rouge des régions polaires de Charon est attribuée aux tholines mentionnées plus haut se formant sur la base de méthane et d’azote. Ces gaz proviennent de Pluton, sont partiellement interceptés par Charon et sont concentrés avec 90 pourcents d’eau dans les régions polaires du satellite où règne une température de moins de 25 Kelvin (-248 degrés Celsius).

 

Référence: W.M. Grundy et al. Nature 529, 65 (2016)