Temps de lecture

6m 24s

Share

Vue d’ensemble de la formation de base

La Suisse compte aujourd’hui neuf établissements de formation à temps plein répartis sur huit sites différents dans les domaines de l’horlogerie (six établissements) et de la bijouterie (trois établissements). S’ajoutent à ceux-ci les écoles professionnelles dans le domaine dual destinées aux horlogers et aux bijoutiers à Lugano, ainsi que les écoles professionnelles de bijoutiers à Bâle, Berne et Zurich.

Les six écoles d’horlogerie proposant une formation à temps plein se trouvent à Genève (École d’Horlogerie à Plan-les-Ouates), au Sentier (École Technique de la Vallée de Joux/ETVJ), au Locle (CPNE), à Porrentruy (CEJEF), à Bienne (Lycée technique) et à Granges (Zeitzentrum). Pour les bijoutières et les bijoutiers, les écoles de Genève (CFP Arts), du Sentier (ETVJ) et de La Chaux-de-Fonds (CPNE) proposent des formations de quatre ans à temps plein en bijouterie. L’ETVJ se développe de son côté avec une nouvelle formation de quatre ans à temps plein dans le domaine du sertissage des pierres précieuses CFC (pour un total de 24 places réparties sur les quatre années de formation) dès la rentrée d’août 2025.

S’ajoutent à ces lieux de formation les écoles professionnelles suisses alémaniques de Bâle (Schule für Gestaltung), de Berne (Schule für Gestaltung) et de Zurich (Schule für Gestaltung) qui forment des bijoutiers, des orfèvres et des sertisseurs dans le domaine dual. Au Tessin, l’école professionnelle de formation duale se trouve à Lugano-Trevano.

Selon les chiffres publiés au début de l’année, il y a en Suisse 251 bijoutiers (orfèvres et sertisseurs compris) qui suivent une formation duale ou à temps plein, toutes années de formation confondues. Avec un taux d’abandon estimé à près de dix pour cent, il faut compter aujourd’hui environ 225 apprentis. Sur les 251 apprentis annoncés, près de 172 viennent de Suisse romande (38 en formation duale / 134 à temps plein), 75 de Suisse alémanique et deux du Tessin. À l’échelon national, le nombre de nouveaux apprentis est resté stable depuis 2019, avec récemment une légère baisse de 22 à 17 en Suisse alémanique et une légère hausse de 39 à 47 en Suisse romande.

Dans le secteur horloger, selon les chiffres de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, 121 opérateurs en horlogerie AFP (2 ans), 286 horlogers de production CFC (3 ans) ainsi que 387 horlogers-rhabilleurs CFC (4 ans) et 49 horlogers-industrie CFC (4 ans) suivaient une formation duale ou à temps plein dans les métiers de base, toujours selon les contrats de formation enregistrés au début de chaque année. Il faut toutefois s’attendre ici aussi à un taux d’abandon d’environ dix pour cent. Selon les chiffres de 2024, environ 80 pour cent des opérateurs en horlogerie et environ 60 pour cent des horlogers de production suivaient une formation duale. Chez les rhabilleurs, environ 80 pour cent suivaient une formation à temps plein, alors que les horlogers méthodes industrielles étaient exclusivement formés en dual.

Pour les autres métiers de l’horlogerie, la situation se présente comme suit, selon les contrats de formation enregistrés au début de l’année scolaire: à temps plein et en dual, 300 apprentis sont actuellement en formation chez les micromécaniciens CFC (4 ans), 106 chez les dessinateurs en construction microtechnique CFC (4 ans), 47 chez les qualiticiens en microtechnique CFC (4 ans), 14 chez les polisseurs AFP (2 ans) et 63 chez les termineurs en habillage horloger CFC (3 ans). Dans l’ensemble, le nombre de personnes en formation dans les métiers de l’horlogerie est resté relativement stable au cours des dernières années. Après une petite chute en 2018 avec 361 nouveaux contrats, le nombre est remonté à 441 entre 2023 et 2024, dont 230 en dual et 211 à temps plein.

Trade_Les-Ecoles_Überblick_Goldschmiedeatelier_EAA Trade_Les-Ecoles_Überblick_Zeitzentrum Trade_Les-Ecoles_Überblick_Uhrmacherschule_Genf Trade_Les-Ecoles_Überblick_Zeitzentrum_Atelier Trade_Les-Ecoles_Überblick_Divtec
<
>

Les défis de la formation

La demande en places de formation reste stable aussi bien dans le domaine de l’horlogerie que de la bijouterie. C’est notamment ce que souligne Richard Carbonnelle, responsable de la formation de bijoutier au CFP Arts de Genève, qui compte chaque année entre 50 et 60 candidatures pour les douze places disponibles. «La demande en formations professionnelles artisanales telles que celle de bijoutier reste stable à un niveau élevé. Les jeunes ont besoin de travailler de manière créative et de faire quelque chose avec leurs mains.» D’un autre côté, il observe avec préoccupation les besoins du marché en termes de spécialistes disposant d’une expérience professionnelle. Il constate ainsi que de nombreuses entreprises préfèrent aujourd’hui engager des collaborateurs expérimentés, de Lyon ou Paris en France par exemple, en lieu et place de diplômés sans expérience. François Monnin, responsable de la section bijouterie de l’ETVJ, fait le même constat. Malgré une bonne formation, il estime qu’il est aujourd’hui plus difficile de trouver une place immédiatement après la formation.

En ce qui concerne l’organisation de l’enseignement, l’intégration de nouvelles techniques telles que la CAO ainsi que l’adaptation au nouveau plan de formation restent des défis permanents dans le domaine bijoutier. Tony Marchese, directeur du Pôle Arts Appliqués à La Chaux-de-Fonds, souligne que la mise en œuvre du nouveau plan de formation reste un défi central. Un autre point important consiste à concilier les nouveaux modes de fabrication avec l’artisanat traditionnel. Il prononce également la nécessité de préserver une approche pédagogique centrée sur le processus créatif, la conceptualisation et le développement d’une culture artistique solide chez les apprentis. À cela s’ajoute, dans son cas, l’intégration des outils numériques dans l’enseignement, sous le mot-clé BYOD («Bring Your Own Device»), qui représente un changement de paradigme supplémentaire auquel l’école d’arts appliqués s’adapte progressivement.

François Monnin met en évidence les défis liés à ce même plan de formation et souligne que la mise en œuvre nécessitera sûrement encore quelques années.

Frédéric Schütz, directeur de l’ETVJ, souligne en outre qu’en tant qu’école publique cantonale, l’établissement entretient une collaboration étroite et permanente avec l’industrie horlogère et microtechnique. Les plans de formations fédéraux sont mis à jour tous les cinq ans et doivent intégrer des contenus d’apprentissage qui répondent aux besoins actuels et futurs de ces entreprises. «Or, notre monde évolue vite et ce qui est demandé et exigé aujourd’hui peut être obsolète dès demain, si on tient compte des évolutions techniques et de la rapidité du marché. Il est rassurant toutefois de constater que les jeunes sont toujours plus nombreux à s’intéresser à nos formations. Nous réfléchissons d’ailleurs, avec les entreprises, à identifier les filières qu’il s’agira de développer ou de créer dans un futur proche», précise Frédéric Schütz.

Les adaptations à des méthodes d’apprentissage moderne et à de nouveaux plans de formation restent primordiales pour les écoles. L’évolution actuelle des marchés est une source de préoccupation, tout comme le manque de places de formation duale chez les bijoutiers et les commerçants spécialisés indépendants. Il faut ajouter à cela qu’un manque de concentration a de plus en plus été constaté ces derniers temps dans le cadre de l’enseignement ou encore que les tensions sociales sont devenues plus importantes dans l’environnement des apprentis. Au final, le besoin et la motivation des jeunes à se lancer dans une formation artisanale sont toujours aussi importants dans les domaines de l’horlogerie et de la bijouterie.

Marcel Weder

Photo: Le bâtiment historique de l’ETVJ au Sentier.

Thèmes similaires

Trade
 

CPT: la plus grande école professionnelle du Tessin

Le Centro Professionale Tecnico Lugano-Trevano à Cannobio propose une multitude de formations professionnelles. Parmi elles se trouvent l’horlogerie et la bijouterie dans le domaine dual.

plus
Trade
 

Wostep, une école pour le monde entier

L’école horlogère Wostep à Neuchâtel est un centre névralgique pour les formations horlogères d’étudiants et étudiantes de l’étranger ainsi que pour des formations continues de professionnels et professionnelles de l’étranger et de la Suisse.

plus
Trade

L’école de la ville des bijoux

La «Goldschmiedeschule mit Uhrmacherschule» de Pforzheim/D propose un catalogue impressionnant de formations temps plein et duales.

plus