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A la tête du groupe Sercab, Ramon Iso aime ce qui brille

Dans ses yeux, les brillances de deux passions dévorantes. Celle des diamants et du jeune sertisseur devenu patron – c’était il y a longtemps; celle des Porsche qu’il peut aujourd’hui s’offrir… Rencontre.

Il se rappelle les longs trajets sur la Nationale 7, entre la Suisse et le pays basque. C’était avant les péages. Ce fils d’immigré, appelé à rentrer de temps à autre en terres d’origine, tuait le temps la nuit en repérant certains phares plus reconnaissables que d’autres: ceux des Porsche.

Déménagement à Plan-les-Ouates

Presque un demi-siècle plus tard, voici Ramon Iso dans des locaux flambant neufs: ceux du nouveau complexe de Plan-les-Ouates baptisé Tourbillon. La société Sercab vient d’y troquer sa mythique adresse de Thônex pour 2000 mètres carrés de verre aux planchers conçus pour accueillir les énormes machines qu’elle vient d’installer. Des mastodontes à peine déménagés… Dans l’air, des odeurs de neuf et de peinture fraîche; sur les parois de la vaste salle de conférence, quelques tableaux en attente d’accrochage.

Depuis plus de 30 ans, le groupe Sercab, construit exclusivement sur des capitaux suisses, n’en finit pas de croître. Spécialiste des sertissages de tous types, grain, mécanique, traditionnel, baguette et invisible avec diamants et pierres de couleurs, il est issu de la fusion de trois entités. Il compte parmi les principaux acteurs du sertissage dans la haute joaillerie et l’horlogerie suisses. Concentré sur des fabrications à forte valeur ajoutée, il apprivoise les technologies actuelles tout en protégeant les savoir-faire fondamentaux, artisanaux. Et s’offre parfois, cerise sur le gâteau, quelques percées significatives du côté de l’habillage horloger, voire même de la boîte de montre.

Le déménagement s’est fait par vagues successives, sans perte de cadence, commandes obligent. Elles sont déjà loin, ces petites attentions de bienvenue installées sur chaque établi à l’adresse des nouveaux arrivants, les collègues rejoignant peu à peu les premiers arrivés. Cette fois, le groupe Sercab a pris ses quartiers au cœur d’enseignes parmi les plus prestigieuses. Seule l’ancienne Val’Heure, la fabrique des Bioux, est restée ancrée à la Vallée de Joux, comme un nécessaire relais en terroirs horlogers voisins. Michel Salvi, son boss, est aussi devenu directeur général.

 

Fraîchement installé dans le complexe Tourbillon de Plan-les-Ouates, le groupe Sercab spécialiste des sertissages de tous types, grain, mécanique, traditionnel, baguette et invisible avec diamants et pierres de couleurs.

Savoir d’où on vient

Devenu prince du sertissage et du diamant au cœur de l’horlogerie suisse d’excellence, Ramon Iso conserve au fond des yeux les émerveillements de l’enfance. On le dit direct, carré, juste. Il assume, se persuade qu’il n’est jamais aussi dur avec les autres qu’avec lui-même. Les tutoiements fusent, les attitudes chaleureuses se révèlent. Ici, le turnover est ridiculement bas. On dirait une ruche, une grande famille, studieuse et volontaire. Sur les presque 200 collaborateurs, quelques figures des débuts, certainement des compagnons de la première heure. C’est stimulant. A 63 ans, celui qu’on surnomme «le SBF» – sans bureau fixe – continue d’aller et de venir, énergique, de se poser ici sur un coin de table, là à même un établi. Son management «à l’ancienne» n’a pas dit son dernier mot.

Ramon Iso a l’humilité de ceux qui savent d’où ils viennent. Bijoutier-joaillier, il a démarré tout en bas, payé au lance-pierre, concentré, studieux et bourré d’une infinie patience. Alors il se souvient d’une proposition pourtant alléchante qu’il avait eu le culot de refuser, lui le jeune sertisseur. Il lui avait préféré l’indépendance, car il y avait encore dans son atmosphère un parfum d’insouciance, un zeste d’inconscience.

 

Ramon Iso, patron «SBF», c’est-à-dire Sans Bureau Fixe, passionné d’automobile, principalement de Porsche. Entre brillances des diamants et des phares mythiques.

Relève et transmission

Il évoque la pénurie ambiante de main d’œuvre. Son groupe, sur deux sites, engage et traque les jeunes à former. Lui qui a fait les Art Déco parce qu’à l’âge de l’adolescence, il n’était premier de classe qu’en dessin et sculpture, le voici revenu au temps où, chez le joaillier Ludwig Muller, signature reconnue à l’époque, il faisait ses premières armes. C’était en Vieille Ville à Genève. Il faut donner sa chance et savoir déceler, par-delà les diplômes, le capital motivation.

Joël Grandjean

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