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Le Prix Gaïa 2021

A l’équinoxe d’automne, les adeptes de l’horlogerie, industriels, constructeurs et collectionneurs se rassemblent au Musée International d’Horlogerie (MIH) à La Chaux-de-Fonds. C’est là qu’est décerné le Prix Gaïa dans les disciplines horlogères artisanat/création, histoire/recherche et esprit d’entreprise.

A l’encontre de nombreuses autres distinctions, le prix Gaïa est purement symbolique, n’étant matérialisé que par une prestigieuse boule de verre et un certificat. Cette année, les lauréats sont la spécialiste française des complications horlogères Carole Kasapi, l’historien britannique des instruments scientifiques Anthony John Turner ainsi que l’ingénieur-horloger neuchâtelois Eric Klein.

Carole Kasapi

Carole Kasapi, considérée dans les milieux horlogers comme la reine des complications, naquit à Paris dans une famille d’horlogers. Comme enfant déjà, elle était totalement fascinée par l’atelier de son père. A l’âge de 16 ans elle quitta la France pour s’inscrire à l’Ecole d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Diplôme en mains, Kasapi se spécialisa dans la construction horlogère.

Elle travailla ensuite pendant plusieurs années chez Conseilray SA où – mandatée par des marques horlogères bien connues – elle créa des mouvements mécaniques pourvus de complications originales. Son chef-d’oeuvre de l’époque est sans doute le mouvement extra-plat, très robuste et précis «Elite» de Zénith. Les deux stations suivantes de sa carrière furent le fournisseur de complications Renaud & Papi ainsi que la manufacture Ulysse Nardin. En 2000, Kasapi rejoignait Cartier Horlogerie en tant que cheffe de l’équipe d’ingénieurs-horlogers constructeurs. Son nom apparait dès lors sur de nombreux brevets. En 2012, elle reçut le Grand Prix de l’Horlogerie de Genève.

Parmi les nombreuses créations horlogères signées Kasapi de cette époque, il faut citer les mouvements Cartier Astrorégulateur, Astrotourbillon et Astrocalendaire. Kasapi contribua également à la construction des mouvements ID One (munis d’un échappement en carbone amorphe de type diamant) et ID Two (au boîtier sous vide), ainsi que des élégants mouvements Panthère. L’année passée, Kasapi rejoignait TAG Heuer dans le groupe LVMH pour y développer des mouvements de manufacture munis de complications originales.

Anthony John Turner

Né en 1946, le britannique Turner étudia l’histoire des sciences et de la technologie à l’université d’Oxford. En 1970 il était engagé comme collaborateur scientifique au National Maritime Museum à Greenwich. Deux ans plus tard, grâce à ses connaissances encyclopédiques des Instruments scientifiques, astrolabes, cadrans solaires et mouvements de montres, il s’établit en tant qu’ingénieur-conseil indépendant. Dans cette fonction, il organisa de nombreuses expositions dans les musées des sciences les plus connus en Angleterre et en France. Son travail pour les grandes maisons de ventes aux enchères comme Sothebys, Artcurial et Drouot se résume en 80 catalogues.

Depuis l’an 2000, Turner collabore avec l’italien Paolo Brenni et le français Denis Beaudouin – tous deux renommés spécialistes d’instruments scientifiques et de leurs inventeurs – pour créer une encyclopédie online des constructeurs français et suisses à partir de 1430. En collaboration avec James Nye et Jonathan Betts, spécialistes britanniques de la technologie horlogère, Turner est l’auteur d’une encyclopédie mondiale de l’histoire de l’horlogerie. L’ouvrage «General History of Horology» sera publié en fin d’année chez l’éditeur Oxford University Press.

Les contributions extraordinaires de Turner à l’histoire des instruments scientifiques et de l’horlogerie lui valurent en 2018 le prix Paul-Bunge, doté de 7500 Euros. Il est décerné chaque année depuis 1993 pour des travaux concernant l’histoire des sciences. Ce prix est destiné à garder la mémoire du mécanicien Paul Bunge (1839-1888) de Hambourg, constructeur en son temps renommé de balances destinées à l’analyse chimique quantitative.

Eric Klein

Le neuchâtelois Eric Klein, né en 1949, reçut en 1973 son diplôme d’ingénieur en microtechnique à l’Institut de Physique de sa ville natale où il y devint professeur-assistant. L’année suivante, il était engagé par le laboratoire de recherches d’Ebauches SA pour y développer des moteurs pas-à-pas pour les montres à quartz. En 1976 il rejoignait FHF (Fabrique d’Horlogerie de Fontainemelon) du groupe Ebauches pour y diriger la transition radicale de la micromécanique à l’électronique horlogère. A partir de 1982, Klein était responsable du développement, du montage et du contrôle-qualité des mouvements de montre de l’entreprise Ronda à Lausen (Bâle-Campagne), une PME horlogère familiale de réputation mondiale. Après le décès du fondateur William Mosset en 1985, Klein dirigea Ronda en collaboration avec les héritiers de Mosset. Il établit des entreprises de production Ronda à Hongkong, Bangkok et Stabio (Tessin) avec un total de 630 collaborateurs.

En 1994, Klein rejoignait le groupe Richemont pour produire les mouvements quartz destinés aux montres de la marque Cartier. L’année suivante, il établissait à Neuchâtel le laboratoire de recherches et développement des mouvements mécaniques pour les marques Cartier, Montblanc, Panerai et Piaget. Ces mouvements sont produits par ValFleurier à Buttes (Val-de-Travers). Klein le planifia en collaboration avec Henri-John Belmont, directeur Haute Horlogerie de Richemont. Klein dirigea ValFleurier en tant que CEO jusqu’en 2012. Il se préoccupa ensuite jusqu’à la retraite de la stratégie mouvements et de divers projets avancés du groupe Richemont.

La cérémonie du Prix Gaïa est également l’occasion de la remise d’une bourse d’études financée par la Fondation Watch Academy. Elle est attribuée cette année à Nathanaëlle Delachaux, née en 1993 qui termine actuellement ses études d’histoire de l’art et d’ethnologie à l’Université de Neuchâtel. Cette bourse lui permettra d’étudier et de documenter l’enseignement et la conservation du know-how horloger au MIH.

Lucien F. Trueb

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