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Le Salon Genevois de la Haute Joaillerie

C’est devenu un presque rituel de partir en claquant la porte de Baselworld pour créer, dans la cité de Calvin, un salon intimiste et coquet dit «de la Haute»! La deuxième édition de GemGenève, que de nombreux journalistes qualifient désormais de «Salon Genevois de la Haute Joaillerie» vient de se terminer sur un nouveau succès.

Montée en une année par deux personnalités très respectées du monde du bijou et des pierres précieuses, Thomas Faerber et Ronny Totah, la première édition, en 2018, fut une réussite qui bluffa presque les deux organisateurs. «En 2018, nous étions tous deux angoissés d’avoir les feedbacks de nos exposants. Je me disais que, le dimanche, j’en saurais  plus et que je pourrais peut-être respirer», raconte Ronny Totah. «A ma grande satisfaction, j’ai eu, le matin même du premier jour, des retours positifs et heureux d’un grand nombre de nos confrères. Ils avaient apprécié les petits chocolats déposés dans les stands, la bouteille d’eau minérale (qui a été renouvelée tous les jours) et le confort auquel nous avions pensé pour chacun dentre eux».

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Le public a voté pour les travaux des écoles d’art. 1er Prix: Charlotte Angéloz, collection BONBON (à gauche); 2e place: Claudia Roque Andrade, collection RECONSTRUCTION (en haut) et la 3ème place revient à Marianne Blanco, collection SIO 2.0 (à droite). Charlotte Angéloz se voit offrir un cours de gemmologie au SSEF (Zurich) ainsi que le logement dans un B&B à proximité.

C’est comme un premier roman!

Le 9 mai 2019, un marchand de bijoux anciens disait à un groupe de collègues : «La deuxième édition, c’est toujours un peu ‹casse-gueule›. C’est comme pour un premier roman avec lequel vous avez eu un grand retentissement, tout le monde vous attend au tournant lorsque vous éditez le suivant!». Pourtant, avec 210 exposants (46 pour cent de plus qu’en 2018), GemGenève a tenu ses promesses. Le salon est encore plus beau, baigné de la lumière naturelle, toujours aussi labyrinthique et avec des exposants du monde entier. La plupart d’entre eux ont été très satisfaits des affaires, seul un négociant en pierres précieuses nous a avoué: «Je ne sens pas l’envie d’acheter des pierres. Les affaires sont difficiles!».

Pas de querelles entre ancien et moderne

A chaque détour d’un stand de bijoux anciens, les amoureux des pièces des siècles précédents sont comme dans un musée. Ce qui fait la différence de ce salon, c’est en premier lieu que ses exposants sont nombreux et offrent un panorama très varié. A Baselworld, ils n’étaient plus qu’un quarteron de résistants. Le dialogue est facile, on peut faire sortir pratiquement n’importe quelle pièce des vitrines, la prendre en main, observer les poinçons, recevoir des informations, des anecdotes. Les bijoux modernes sont souvent sertis de diamants de toutes grandeurs, tailles et couleurs. Mais la modernité, il faut vraiment aller la trouver à l’autre bout de la halle, chez les étudiants des écoles d’art (HEAD et Haute Ecole de Joaillerie de Paris), chez les «emerging talents» et dans le «Vivarium».

Les designers de demain

Dans le monde des bijoux et des libraires qui ignore le nom de Vivienne Becker? Elle a écrit de nombreux livres sur les joyaux antiques ou très modernes. Celui sur Lalique fait référence. C’est une des historiennes du bijou les plus reconnues. Durant une année, elle a traqué le travail de jeunes designers et de quelques artisans commençant à acquérir une reconnaissance discrète afin de les amener à Genève. Retenez quelques noms car vous aurez certainement l’opportunité de les entendre souvent: Ena Iro, pour ses bracelets rigides et ajourés immenses, entre histoire et tradition;  les joyaux-objets de tête de Cléa Horowicz; l’artisan-bijoutier Grégoire Maret  et sa marque Pierre d’Alexis avec laquelle il réalise des joyaux sertis de calcite rose, pierre qui s’est développée dans d’anciennes mines valaisannes; Isabelle Siz dont les pièces sont un vrai feu d’artifice.

Pour la première fois, le public a pu voter pour les élèves des écoles d’art ayant réalisé des bijoux très intéressants avec des pierres (améthyste et citrine) offertes par la maison Abouchar de Genève.

Une formation de quatre jours

L’an dernier, quelques conférences sur les bijoux et les gemmes avaient enthousiasmé le public aussi bien néophyte qu’averti. «Il faut toujours faire mieux et on peut toujours faire mieux» disait Thomas Faerber, il y a encore quelques mois. Cette année, si vous avez pu prendre part aux dix-sept conférences, en anglais ou en français, sur des thèmes très différents, vous avez suivi une formation de quatre jours sur les styles, les pierres précieuses à la mode selon les époques; la vie aventureuse de Jean-Baptiste Tavernier, baron d’Aubonne; les muses et les collectionneurs et vous avez même pu vous initier à la loupe et à la recherche de poinçons avec des bijoux sortis des vitrines. Un très grand merci aux conférenciers: Elizabeth Fischer, cheffe de file à la HEAD; Gislain Aucremanne et Cécile Lugand de l’Ecole des Arts Joailliers de Paris, Vanessa Cron grâce à qui nos dîners en ville seront parsemés d’anecdotes, Vivienne Becker capable de vous montrer des photos de bijoux que vous ne soupçonniez même pas, Amanda Triossi qui peut parler des boucles d’oreilles et des bijoux des années 70 et 80 dans toutes les langues et Johanna Hardy. Une formation de quatre jours pour la modique somme de 50 francs, c’est inespéré!

Gemmes, Gemmes Genève!

Les négociants en pierres précieuses ont apporté leurs plus belles pierres. Des rubis et des saphirs non chauffés, des spinelles exceptionnels de sources anciennes ou très récentes, des émeraudes avec, au pire, «very minor oiling». Cette année, nous souhaitons mettre en évidence l’excellente présentation de gemmes de couleur du stand Valentina. Jean Joseph Hulin et son père ont un choix magnifique de corindons non chauffés et quelques spinelles à vous damner. Ces Français, expatriés à Hong-Kong depuis vingt ans, font retailler toutes leurs pierres par un lapidaire parisien d’exception.

En 2020, tous les salons vont se tenir, dans un mouchoir de poche, au mois de mai: Baselworld et le SIHH ainsi que GemGenève. «Dès la première édition, nous avons choisi nos dates en fonction des grandes ventes aux enchères genevoises (Sotheby’s et Christie’s) où se retrouvent tous les acheteurs de pierres et de bijoux très exclusifs. Nous ne modifierons donc rien pour la troisième édition», avertit le duo de GemGenève. Alors en route pour 2020!

Catherine De Vincenti

Info
www.gemgeneve.com

Dates de la prochaine édition: 7 au 10 mai 2020

Photo: Les filles de Thomas Faerber et Ronny Totah, Ida et Nadège, se sont partagé la tâche. Nadège à l’administration et Ida à la présentation des conférenciers. Ici, Ida Faerber en compagnie de l’historienne du bijou Vivienne Becker.