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Anton Bally (1946-2022)

Issu d’une famille italienne qui vint s’établir près de Thoune en 1632, Anton Bally, ancien directeur général de la fabrique d’horlogerie ETA à Granges, vient de s’éteindre à l’âge de 76 ans.

Sa carrière horlogère débuta en 1962 avec un apprentissage chez ETA qui ne dura guère. Le jeune surdoué acquit en 1968 déjà le grade d’ingénieur en microtechnique à Bienne. Il s’immatricula ensuite à l’Université de Neuchâtel, mais la quitta deux semestres plus tard, ETA lui ayant fait une offre d’emploi irrésistible. On le chargea de la construction d’un calibre automatique de 12½ lignes avec date ; ce calibre 2892 devint un classique tout comme son dérivé, le chronographe 2894.

L’époque du quartz étant arrivée, Bally construisit le calibre 9362 en étroite collaboration avec le département R & D d’Ebauches SA à Neuchâtel. La production débuta en 1976. Il consistait en un résonateur quartz à diapason, un circuit intégré Faselec ou Ebauches Electroniques Marin, un moteur pas-à-pas Lavet et une pile à l’oxyde d’argent. La version quartz du calibre automatique 2892 devint la base de la famille ETA-Flatline.

Le marché demandant des montres plates, la réduction des calibres Flatline à 3,1 millimètres fit sensation. Cela déclencha la bataille avec les deux producteurs japonais Seiko et Citizen pour voir qui développerait la montre quartz analogique la plus plate du monde. ETA gagna haut la main en 1980 avec la Délirium IV d’une hauteur de 0,98 millimètre, un record qui tient toujours. L’innovation suivante fut la Swatch, montre à quartz ultra-simple inventée par les deux ingénieurs ETA Elmar Mock et Jacques Muller. Elle devint la montre la plus folle du monde, on en produisit bien au-delà de 400 millions de pièces – et cela continue.

En 1982, on envoya Bally à Hong Kong pour évaluer ce marché et celui de la Chine. Mais on le fit revenir chez ETA après une année pour assister la direction de ETA, fort occupée avec la fusion ASUAG-SSIH ; il devint directeur-général en 1985. En août 2004 on diagnostiqua chez Bally les prémisses d’une maladie chronique inguérissable. Les médecins furent unanimes à déclarer qu’il devait prendre une retraite anticipée, ce qu’il fit de très mauvaise grâce. Il resta pourtant une source d’informations horlogère intarissable, particulièrement pour les journalistes.

Lucien F. Trueb