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Le Prix Gaïa 2022

Les trois Prix Gaïa ont été décernés le 22 septembre au Musée International d’Horlogerie (MIH) à La Chaux-de-Fonds dans les catégories Artisanat-Création, Histoire-Recherche et Esprit d’Entreprise. Il faut y ajouter la bourse Horizon-Gaïa destinée à la relève, fondée par la Watch Academy.

Les Prix Gaïa, décernés depuis 1993, ne sont pas une récompense monétaire, les lauréats ne recevant qu’une boule de verre symbolique mais hautement prestigieuse. Les lauréats de cette année, choisis par un jury de personnalités représentant l’art horloger s’appellent Laurent Barotte dans la catégorie Artisanat-Création, Nico de Rooij dans la catégorie Histoire-Recherche et Edouard Meylan dans la catégorie Esprit d’Entreprise.

Laurent Barotte

Cette année Laurent Barotte est le lauréat Gaïa dans la catégorie Artisanat-Création. On l’honore pour son engagement dans le domaine de la restauration de pendules, pour sa passion communicative et les ambitieux projets au profit de la valorisation de l’horlogerie monumentale dans l’espace public.

Barotte naquit en 1962 dans un village du Territoire de Belfort et fit un apprentissage d’horloger à Besançon qu’il compléta à l’Ecole d’Horlogerie au Locle. C’est là qu’il commença de se spécialiser dans le domaine de la pendulerie. En 1983 on l’engagea au Musée d’Horlogerie du Locle (Musée des Monts) où de nombreuses pendules profitèrent de son talent. De 1987 jusqu’à 1990 il travailla à Sainte-Croix; ensuite il établit son propre atelier à Fribourg. A partir de 1998 il enseigna l’horlogerie théorique et pratique au Technicum de Porrentruy. En collaboration avec ses étudiants et étudiantes, il construisit une pendule que Jean-Pierre Droz, fournisseur des Princes-Evêques de Bâle avait livré en Russie en 1754. On investit plus de 4000 heures de travail dans cet objet. De plus, il s’occupa de la restauration de nombreuses pendules et horloges de tours en Suisse et à l’étranger. Barotte continue d’enseigner aux Ecoles d’Horlogerie de Porrentruy et du Locle.

Nico de Rooij

Nico der Rooij est le lauréat dans la catégorie Histoire-Recherche. On l’honore pour ses contributions extraordinaires dans le domaine de la microtechnique, pour son rôle de pionnier dans le domaine des senseurs et acteurs en silicium et pour ses contributions touchant les transferts de technologie en faveur de l’industrie horlogère.

Néerlandais né en 1951, de Rooij étudia la chimie physique à Utrecht et Twente. En 1982 il fut nommé professeur ordinaire à l’université de Neuchâtel, enseignant aussi aux Ecoles Polytechniques de Zurich et Lausanne. Il est connu mondialement en tant que pionnier de la conception de capteurs et acteurs consistant en silicium, élément léger et amagnétique. Il développa de plus un procédé permettant la production de composants horlogers en silicium monocristallin par décapage chimique. De nombreuses autres industries comme le spatial et le technique médicale appliquent le procédé de Rooij.

Entre 1990 et 2012, de Rooij assuma la direction de l’institut de microtechnique de l’Université de Neuchâtel, actuellement géré par l’Ecole Polytechnique de Lausanne. A partir de 2008 il assuma la vice-présidence du Centre Suisse d’Electronique et de Microtechnique (CSEM). Il collabora de plus avec plusieurs grandes manufactures horlogères, en particulier avec Patek Philippe à Genève, pour laquelle il développa des spiraux, ancres et roues d’ancre en silicium. Depuis sa retraite en 2016, de Rooij est professeur ordinaire de l’université de Neuchâtel et de l’EPF de Lausanne.

Edouard Meylan

Le jury du Prix Gaïa décerne la distinction à Edouard Meylan dans la catégorie Esprit d’Entreprise. On l’honore pour ses travaux innovateurs et surtout pour le développement couronné de succès de la marque horlogère indépendante H. Moser & Cie. De cette manière il fit des contributions importantes au profit de l’art mécanique horloger dans la production de composants et dans la communication.

Edouard Meylan naquit en 1976 dans une vieille famille horlogère de la Vallée de Joux. Le talent horloger y est génétiquement enraciné depuis des centaines d’années. Comme jeune homme déjà on l’engagea temporairement dans les manufactures horlogères mondialement connues de la vallée. Après son Masters en Microtechnologie à l’EPFL, il travailla comme consultant chez Pricewaterhouse Coopers (PwC) à Zurich. Au début des années 2000, Meylan revint à l’industrie horlogère, en Asie tout d’abord où il assuma la direction des bureaux de la compagnie Desco en Malaisie, à Singapour et en Thaïlande. Par la suite il s’inscrivit à la Wharton School of Economics à Philadelphie (USA) et y décrocha son Masters of Business Administration (MBA). De retour en Suisse, il fut le co-fondateur de l’entreprise Celsius XVII qui développa des téléphones mobiles sur la base de technologies horlogères.

En 2005, la manufacture horlogère H. Moser & Cie. à Neuhausen fut recréée par Jürgen Lange. Huit ans plus tard, la famille Meylan reprenait l’entreprise. En tant que CEO, Edouard Meylan positionna la marque dans le secteur innovateur et parfois même provocateur. Il s’occupa lui-même de la communication. Aujourd’hui, l’entreprise occupe une soixantaine de collaborateurs; elle a déjà développé 15 calibres de manufacture et produit annuellement 1500 montres. En collaboration avec la société Precision Engineering (PEAG), Moser produit des organes régulateurs et des spiraux utilisés dans ses propres calibres et qui sont également vendus à d’autres marques.

Avec H. Moser & Cie, Edouard Meylan a créé un marché de niche profitable. Il réussit avec le développement de montres combinant l’art horloger classique et des designs hautement originaux.

Julien Gressot

Lors de la cérémonie du Prix Gaïa, est également attribuée une bourse financée par la Watch Academy. Elle doit stimuler la relève dans les trois catégories du Prix-Gaïa, c’est-à-dire Artisanat-Création, Histoire-Recherche ainsi qu’Esprit d’Entreprise.

Julien Gressot est le lauréat de cette année. Il finit actuellement d’écrire une thèse de doctorat dans la discipline de l’histoire de la technologie à l’Université de Neuchâtel. Cette bourse va lui permettre d’étudier et de documenter l’héritage technique et scientifique extraordinaire de l’ancien Observatoire Cantonal de Neuchâtel conservé au MIH.

Lucien F. Trueb

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