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Panerai travaille sur des produits zéro carbone

La marque est venue présenter au Congrès international de chronométrie son concept watch Submersible eLAB-ID, constituée de 98 pour cent de matériaux recyclés. Ses collections commencent à bénéficier des avancées réalisées.

«Il n’y a qu’un joueur de foot multimillionnaire, et peut-être son entraineur, pour se moquer encore du réchauffement climatique.» C’est avec cette punchline – référence à Kylian Mbappé et Christophe Galtier, qui avaient créé la polémique en conférence de presse du PSG – que Jérôme Cavadini a démarré son exposé. Le 29 septembre dernier, à l’occasion du Congrès international de la Société suisse de chronométrie, le directeur de la manufacture Panerai à Neuchâtel est venu présenter les dernières avancées de la marque dans le domaine du développement durable. En livrant, au passage, quelques données jusque-là confidentielles.

Jérôme Cavadini, directeur de la manufacture Panerai.

La production visée du doigt

La sensibilité croissante des nouvelles générations à l’environnement pousse les marques horlogères à développer des stratégies de développement durable. Chez Panerai, ce programme repose sur cinq piliers: ses bâtiments, ses processus de fabrication, des partenariats, des initiatives privées du personnel et bien sûr, ses produits.

«Dans tout le processus de mise sur le marché d’une montre, sa production génère 85 pour cent des émissions CO2. Le reste, comme le marketing, le transport ou la vente, n’équivaut qu’à 15 pour cent», souligne d’entrée Jérôme Cavadini. C’est donc pour s’attaquer à ce grand potentiel d’amélioration que la marque a mené en 2021 une expérience pionnière en matière d’éco-responsabilité : construire la montre ayant le plus faible impact environnemental. Concept watch fabriquée à 30 exemplaires, la Submersible eLAB-ID est ainsi constituée à 98,6 pour cent de son poids de matériaux contenant une forte proportion d’éléments recyclés.

Boitier, cadran et ponts sont façonnés en EcoTitanium, alliage de qualité aérospatiale composé à 82 pour cent de matériaux recyclés – développé en 2019 pour la Luminor Submersible Mike Horn Edition; le Super-LumiNova, présent sur le cadran et les aiguilles, est issu de la récupération à 100 pour cent; verre saphir (100%), bracelet en PET (73%) et échappement en silicium (100%) proviennent eux-aussi de filières de retraitement.

80 pour cent d’émissions CO2 en moins

Restait à chiffrer la «performance environnementale», en d’autres termes le gain de CO2 dans la fabrication d’une montre. Panerai a ainsi opté pour la méthode de mesure standardisée ACV (analyse de cycle de vie). Un outil qui permet de quantifier les effets néfastes d’un produit sur l’environnement, depuis sa fabrication jusqu’à sa fin de vie.

Multifactoriel, l’ACV prend en considération, jusqu’à la sortie d’usine, une dizaine de critères, parmi lesquels l’épuisement des ressources minières, la production de déchets, la pollution de l’eau, l’utilisation de solvants ou encore l’efficience énergétique.

Appliquée à la fabrication d’une Luminor Marina 44 millimètres dotée d’un boitier en acier standard, cette méthodologie a permis d’estimer le rejet de CO2 à environ 25 kilogrammes. Elle a aussi mis en lumière les trois principaux coupables de ces émissions: la glace saphir (32%), le boitier (29%) et le bracelet alligator (27%).

Ces constats ont incité la marque à notamment revoir ses process de fabrication des boitiers en acier. En collaboration avec la société du Jura bernois Ugitech, elle a ainsi développé l’eSteel, matériau fabriqué à partir de 95 pour cent d’acier recyclé, tout en gardant les mêmes propriétés que le métal classique. Résultat: les émissions de CO2 baissent de 80 pour cent.

Une démarche ouverte

Les dernières nouveautés Panerai commencent ainsi à bénéficier de ces avancées. Ce printemps ont été présentées la Luminor Marina eSteel et la Submersible QuarantaQuattro eSteel. Quelque 58 pour cent du poids de la première sont constitués de matériaux remis en œuvre, 52 pour cent dans la seconde. Une Submersible qui est également équipée d’un bracelet composé d’un tissu en PET récupéré à 68 pour cent.

«Le chemin vers la neutralité carbone est encore long», admet Jérôme Cavadini. Mais déjà, la marque travaille sur les prochaines étapes: l’écrin et le bracelet en caoutchouc. Ces recherches, réalisées en partenariat avec des fournisseurs et sous-traitants, se veulent ouvertes, accessibles à l’industrie. «Nous sommes convaincus que l’impact sera d’autant plus positif qu’un maximum d’acteurs les adoptent», conclut le directeur.

En attendant, Panerai s’est fixé jusqu’au 31 décembre 2022 pour atteindre zéro molécule de PVC dans ses montres.

Fabrices Eschmann

Photo: Panerai Submersible eLAB-ID (PAM01225), concept watch réalisé à 30 exemplaires. Mouvement mécanique à remontage automatique proposant les fonctions heures, minutes, petite seconde. Boitier de 44 millimètres en EcoTitanium; prix à 61’300 francs suisses.

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