Temps de lecture

4m 13s

Share

Une horlogère qui sait ce qu’elle veut

Simona Rölli a fêté l’ouverture officielle de sa propre boutique début juillet à Granges. L’horlogère de 28 ans spécialisée dans le rhabillage a en effet repris l’atelier de Freddie Hirsch qui y a travaillé pendant 16 ans.

Simona Rölli est jeune, modeste et économe. Et elle sait ce qu’elle veut. Après une phase de préparation de trois mois, cette horlogère diplômée a ouvert son propre atelier d’horlogerie à la Güterstrasse à Granges, là où se trouvait auparavant Freddie Hirsch. Aujourd’hui âgé de 82 ans, ce dernier a tenu ici un atelier de réparation de montres baptisé «Freddies Uhrenklinik» pendant 16 ans. «J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir me mettre à mon compte déjà maintenant», explique la jeune femme de 28 ans. «C’est grâce à un proche que j’ai appris que Freddie Hirsch cessait son activité pour raison d’âge. Je lui ai donc rendu visite. Ça a tout de suite été clair pour moi: c’était ça que je voulais.» Tous deux trouvent un accord et Simona Rölli peut reprendre les machines, les outils et les clients de Freddie Hirsch.

La jeune femme a toujours été fascinée par l’artisanat fin. «Que ce soit pour une vieille machine à coudre à remettre en état ou des travaux nécessitant un doigté important à l’école, plus il fallait travailler minutieusement avec ses mains, plus je trouvais ça intéressant», se rappelle-t-elle. Mais elle n’aurait jamais pensé qu’elle serait un jour horlogère. «C’est surtout lors de ma formation que cette passion pour la finesse et le travail minutieux s’est développée», dit-elle. «Puis il y a eu les défis techniques qui m’ont aussi toujours fascinée.»

Pas à pas

Après ses quatre ans d’apprentissage d’horlogère spécialisée dans le rhabillage qu’elle a bouclés à l’école Zeitzentrum de Granges, elle a commencé par travailler au service clientèle et au département réparation de Carl F. Bucherer à Lengnau (Berne). «C’était une super façon d’entrer dans le monde du travail», explique Simona Rölli. Trois ans plus tard, elle a cherché à relever un nouveau défi et s’est retrouvée chez Richemont à Villars-sur-Glâne (Fribourg) grâce à un collègue. Elle a tout d’abord travaillé avec les marques Cartier, Baume & Mercier et Jaeger-LeCoultre.  Puis elle s’est également attelée aux réparations des montres IWC. L’horlogère a suivi différentes formations continues afin de disposer de connaissances approfondies des finesses et caractéristiques des différentes marques.

C’est surtout lors de ma formation que cette passion pour la finesse et le travail minutieux s’est développée.

Pendant ses six ans chez Richemont, elle a acquis des expériences si variées qu’elle peut aujourd’hui assurer des représentations et devenir un centre de service pour les montres-bracelets et les horloges de marque Atmos de Jaeger-LeCoultre. Elle propose également un service complet pour différentes marques de montres telles que Rado, Certina, Omega ou Tissot et répare de vieilles montres de poche. Autres prestations de son atelier: travaux de polissage, réparations partielles de mouvements et étanchéité ou remplacement de verre, changement de batterie avec ou sans nettoyage du boîtier et du bracelet, vente de bracelets en cuir et en métal ainsi que réparation d’horloges.

Encore de la marge

Parmi les clients de l’atelier d’horlogerie Rölli se trouvent non seulement des particuliers, mais aussi des bijouteries de la région, de Zurich et du canton d’Argovie. Comme de nombreux commerces spécialisés n’ont aujourd’hui plus d’horloger «maison» dans leur équipe, ce type de prestations est toujours très apprécié. «Mes propres affaires ont bien débuté, mais j’ai encore de la marge», explique Simona Rölli, qui compterait encore volontiers d’autres commerces horlogers parmi ses clients.

Simona Rölli s’est engagée corps et âme dans ce projet. Elle souhaite exploiter son atelier de réparation horlogère de sorte que chaque client sente le bonheur que lui procure ce métier. Et lorsqu’elle n’est pas penchée sur son établi d’horloger, elle aime le contact avec la nature. Elle fait ainsi le plein d’énergie en s’adonnant à la randonnée, à la photographie, à la grimpe et à la moto. Quand on lui demande où elle se voit dans dix ans, elle répond qu’elle espère être alors plus connue et éventuellement exploiter un deuxième site. «J’aimerais que mes affaires prospèrent et j’imagine avoir soit un atelier plus grand que celui d’aujourd’hui, soit un deuxième site. Jusqu’à présent, j’ai environ cinq collaborateurs», explique-t-elle. «Il est très important pour moi que mon équipe évolue dans une atmosphère joyeuse et productive avec un cadre familier, et que tous viennent travailler avec plaisir.»

Daniela Bellandi