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Udimu invente l’expérience-client de demain

La start-up utilise tout ce que la technologie offre d’effets virtuels et sensoriels pour faire vivre un produit, quel qu’il soit. Avec en prime la possibilité de se connecter à ces outils, pour une expérience immersive.

«Nous sommes des manufacturiers du phygital!» Fabian Lora a le sens de la formule. Business developer chez Udimu, il passe d’une borne interactive à l’autre pour démontrer tout le savoir-faire de la start-up basée au Landeron (NE) et Gamelen (BE). Sa spécialité: associer réel et virtuel pour faire vivre au client une expérience unique en lui permettant d’interagir avec un produit, en sollicitant tous ses sens grâce au son, à l’image, à l’holographie, à la diffusion de senteurs, à la lumière ou encore à des sensors. Avec en vedette une webapp qui permet à l’utilisateur de littéralement prendre le contrôle du spectacle qu’on lui propose. Bluffant.

Les détaillants horlogers ont un problème depuis de nombreuses années: fragile, complexe, souvent chère, la montre est un produit difficile à vendre. Sécurisées derrière des vitres blindées, voire cachées dans des coffres à l’abri des regards, elles ne sont pas facilement accessibles aux clients, qui restent souvent sur leur faim. Malgré cela, l’aménagement des boutiques n’a que très peu évolué en 30 ans!

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Cette écran tactile – et transparent – permet de zoomer sur la pièce, de la faire tourner, d’explorer son mouvement, de configurer les finitions.

Prendre le contrôle

Udimu a peut-être trouvé la solution! Créée en 2015, la start-up incarne la nouvelle vague de solutions en termes d’expérience-client. Issu du sound design – l’art d’utiliser des éléments sonores afin d’obtenir un effet désiré au cinéma, dans la pub ou des jeux vidéo par exemple – son fondateur Didier de Giorgi «accumulait des idées dans un petit calepin depuis un moment», raconte Fabian Lora. «Mais il était en avance sur son temps, car le digital et les logiciels n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui!»

Le concept: utiliser tout ce que la technologie offre aujourd’hui d’effets virtuels et sensoriels pour faire vivre un produit, quel qu’il soit. Avec en prime la possibilité de se connecter à ces outils pour jouer avec le produit. Imaginez une vitrine posée sur un socle. Derrière la vitre, une montre sur son support. En s’approchant, la borne détecte notre présence et s’anime automatiquement: derrière la montre, un écran présente les différents modèles de la gamme, tandis qu’un léger brouillard (virtuel bien sûr!) apparaît dans l’environnement contrôlé. Puis soudain, un hologramme remplace la pièce réelle, tournant sur lui-même pour se dévoiler entièrement.

Devenir acteur

A côté, un écran tactile permet de zoomer sur la pièce, de la faire tourner, d’explorer son mouvement, de configurer les finitions. «C’est de la 3D en temps réel», précise Fabian Lora. Qui ne résiste pas à présenter un dernier développement unique en son genre: un capteur de mouvement rend possible la manipulation d’une image 3D, juste en pinçant ses pouces et index devant soi. Chaque expérience peut être associée à des sons ou des senteurs, comme une odeur de cuir lorsque l’univers présenté est celui d’une voiture, ou un parfum.

Mais le concept va encore plus loin: un QR code présent sur toutes les bornes renvoie à une webapp, une application disponible online sur son smartphone, sans téléchargement ni inscription. Une sorte de télécommande qui permet de prendre le contrôle du spectacle: lumière, images, hologrammes… Le spectateur se transforme alors en acteur. «Cette webapp s’appelle AstraSenso-OS (A-OS). Nous l’avons développée avec la spin-off de l’EPFL Apptitude», souligne le Business developer.

S’adapter à chaque situation

Si l’horlogerie est le secteur tout désigné avec lequel Udimu collabore beaucoup, n’importe quel produit peut faire l’objet d’une telle mise en scène. La start-up a d’ailleurs déjà créé des contenus pour Philip Morris ou Dixi Polytool, spécialiste des outils de coupe pour l’industrie. «Le domaine de la machine-outil est très prometteur. Notre approche permet même d’imaginer des formations», relève Fabian Lora. L’immobilier – Udimu a modélisé la ville de Lausanne – ou l’hôtellerie – pour l’accueil et l’accompagnement de l’hôte – sont également des axes de développement pour la start-up de dix personnes.

Car la grande force d’Udimu est de s’adapter à chaque situation: «Nous ne vendons pas des vitrines», insiste le responsable. «Nous intégrons notre technologie à n’importe quels supports: le mobilier d’une boutique – nous aimerions bien collaborer avec Bucherer, Les Ambassadeurs ou Kirchhofer! – ou une présentation en public par exemple. Nous travaillons actuellement aussi sur la conceptualisation d’un musée immersif. Mais je ne peux pas en dire plus pour l’instant…» L’expérience ne fait que commencer pour le client!

Fabrice Eschmann

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